mardi 8 octobre 2019

Polymorphe, la pensée de Sade s’abreuve aux sources les plus variées

«  Polymorphe, la pensée de Sade s’abreuve aux sources les plus variées, exécute des pirouettes sur toutes les branches, efface et occulte avec la perfection d’un criminel : humour et subversion sont les uniques traces laissées sur la piste de ce moto perpetuo. Platon, virgile, Plutarque, Sénèque, Plaute, les troubadours, Saint augustin, Pétrarque, machiavel, de vinci, Pascal, montaigne, mme de La Fayette, mme de Staël, marivaux, voltaire, rousseau, Fielding, richardson, Buffon, Cook, les codes pénaux... la liste est interminable, pour ne pas mentionner les quelques af nités avec l’Aufklärung germanique (Kant) ou les intempestives relations maçonniques – frère dévoyé, minable et, pire que cela, frère irréductible à une quelconque fraternité. Il ne me semble pas superflu de faire allusion à une Poièsis sadienne, étant donné qu’en grec ce terme ne recouvre pas seulement la « poésie » comme latu sensu, la «création». L’affirmation d’Hegel, selon laquelle la philosophie commence là où la poésie s’arrête, est symptomatique d’une crise de la pensée, mais ne s’applique pas à Sade. En ce sens, il est le poète de la souveraineté du moi. L’unique pacte qu’il reconnaisse est celui passé avec lui-même, l’unique affirmation exacte et sans équivoque qu’il émet ne respecte que l’individu lui-même : chose décidée, chose faite. Exactement comme ça, ni plus ni moins. Dans sa clarté méridienne, l’intention paraît simple et même sensée. Mais elle ne l’est pas. Entre dire et faire surgit un contretemps intolérable : celui qui défait... »

João César Monteiro, Rapport confidentiel, Sade à la grâce de Dieu (II), Une Semaine dans une autre ville, Journal parisien & autres textes, éditions La Barque, Paris, 2012.

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