Dans ce sens, je crois qu'au moment où les dés du cinéma portugais sont en train d'être jetés, si tant est qu'ils ne le soient pas déjà, le surgissement d'António Reis peut être fondamental, aussi fondamental que la greffe d'un nouveau cœur chez un malade agonisant. »
in Une semaine dans une autre ville, Journal parisien & autres textes, La Barque, 2012.
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António Reis est
considéré dans son pays natal, le Portugal, comme un artiste
visionnaire dont les films et les nombreuses années passées à
enseigner le cinéma
à l'Escola Superior
de Cinema e de teatro de
Lisbonne (où il eu entre autres pour élèves Pedro Costa et Manuela
Viegas)
ont exercé une influence
incommensurable sur la renaissance du cinéma portugais post-Salazar
et sur la nouvelle génération de cinéastes qui a émergé dans les
années 1980 et 1990. Né à Porto, Reis trouvera d'abord la
reconnaissance en tant que poète avant de rencontrer Manoel
de Oliveira qui en fera son assistant réalisateur sur son premier
chef-d'œuvre, Le Sacre du printemps
(1963) aux côtés d'un autre collaborateur important, Paulo Rocha.
Cette nouvelle approche poétique propre à ce cinéma ethnographique que
définiront ensemble Oliveira et Reis guidera les quatre œuvres
extraordinaires qui suivront et que Reis co-dirigera avec sa femme, la
psychologue Margarida Cordeiro, aboutissant au point culminant de
Trás-os-Montes,
une quête lyrique de l' «âme» profonde de la culture et de
l'histoire portugaise à travers les mythes et le folklore paysan de
cette région reculée du nord du Portugal. Admirés par des
cinéastes comme Joris Ivens, Jean Rouch et Jean-Marie Straub, les
films de Reis et de Cordeiro ont inventé un langage
cinématographique, poétiquement libéré et hypnotique, un style et
une sensibilité qui ont établi durablement la tradition du cinéma
radical du Portugal.
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