— Qu'est-ce
que vous aimez faire ?
— Rien. Vraiment.
— Quel serait votre journée idéale ?
— Rien. Vraiment.
— Quel serait votre journée idéale ?
— [Hésitations]
Je ne sais pas s'il y a des journées idéales. Je suis sensible aux
bruits, à la lumière, aux personnes, mais je ne suis pas
anthropocentrique. Je suis de plus en plus sceptique quant aux êtres
humains.
— Vous êtes désenchanté?
— Vous êtes désenchanté?
— Je
n'aime jamais être très affirmatif... Disons que je suis peu
enchanté. Me dégoûte cette société de laquelle je tente de
m'exclure dans la mesure du possible. Mais il y a un prix à payer,
ce n'est pas très agréable. Je n'ai pas autour de moi les personnes
que je voudrais.
[…]
[…]
— [...], montrez-vous vos
sentiments, par exemple par une sensibilité extrême ou du trouble ?
— Parfois je suis comme pétrifié, mais il m'arrive encore d'être ému.
— Vous rappelez-vous de la dernière fois où vous avez pleuré?
— Parfois je suis comme pétrifié, mais il m'arrive encore d'être ému.
— Vous rappelez-vous de la dernière fois où vous avez pleuré?
— Je
me rappelle avoir pleuré après avoir été agressé par trois ou
quatre policiers. J'ai pleuré de rage et d'humiliation. Ce fut, du
reste, une histoire absurde. Je venais de rencontrer un type qui est
député du parti socialiste, un gars de Porto par ailleurs, et je
suis entré avec lui dans le palais
de São
Bento, l'Assemblée Nationale, tout en discutant ; ensuite, il
m'a laissé dans un couloir et j'ai traîné là tout seul
jusqu'à ce que, d'un coup, trois ou quatre policiers me tombent
dessus.
— Et ils vous ont agressé alors que vous n'aviez rien fait ?
— Et ils vous ont agressé alors que vous n'aviez rien fait ?
—
Absolument
rien.
— Vous êtes sérieux ?
— Vous êtes sérieux ?
— Je
suis sérieux. Je les ai traité de « fils de pute », une
expression que j'utilise souvent. J'ai un goût immodéré pour
l'expression « fils de pute ». Il
y a un truc qui me trotte dans la tête depuis des années. Mon rêve
serait d'être jugé et au moment venu où le juge dirait « Accusé,
levez-vous ! », ma réponse serait « À toi de te
lever, fils de pute ! » Mais comme c'est une plaie de se rendre
au tribunal, j'ai l'intention de la mettre dans un film*.
— Serait-ce une excellente chose de vivre en anarchie ?
— Serait-ce une excellente chose de vivre en anarchie ?
— Ce serait bien pour tout le monde. L'anarchie est une chose très ordonnée.
— Quelle est votre société idéale?
— Je
suis pour une transformation radicale de la société, par des moyens
violents. S'ils peuvent être pacifiques, tant mieux, mais on sait
que ça ne se passe jamais comme ça. Il y aura une nouvelle
révolution, mais pas à la manière des révolutions ratées.
[…]
[…]
Anabela Mota Ribeiro, Entretien avec João César Monteiro
Diário de Noticias, Supplément DNa , Lisbonne, 26 juillet 1997.
Traduction : Pierre Delgado
« Vous croyez à la démocratie?
»
Que ferais-je de cette épée? film de João César Monteiro, 1975
« Prolétaires de tous les pays, UNISSEZ-VOUS!
»
Que ferais-je de cette épée? film de João César Monteiro, 1975
* C'est ce que
fera Monteiro avec cette scène des Noces de Dieu (1999):
— Accusé, levez-vous !
— À toi de te lever,
fils de pute. Je suis innocent, malheureusement.
— Silence ! Silence ! ou j'ordonne
qu'on évacue la salle...
Absolument admirable !
RépondreSupprimerUne grande leçon de choses !
TC